J’ai compris, en travaillant avec des jeunes, qu’ils avaient besoin de se sentir responsabiliser dans nos démarches d’accompagnement.

Je m’explique :

– Ils doivent remplir eux-mêmes, UN SEUL document, retraçant leurs points forts, leurs acquis, leurs qualités (et non leurs points négatifs) en formation, mais aussi personnellement, dans le cadre d’un sport ou d’une association.

Ex d’items positifs : L’an dernier, j’ai réussi à apprendre …..(demander une seule chose), j’ai travaillé sur …..(idem), mes qualités (en tant que personne et non en tant qu’apprenant) sont ….(une seule qualité) = ANCRER LEURS RÉUSSITES = ON EST UN INDIVIDU capable d’évoluer AVANT DE DEVENIR APPRENANT.

Les documents doivent les valoriser, parler de ce qu’ils savent déjà faire. Ce sont des jeunes en manque de confiance, en manque de reconnaissance.

Il faut donc souligner avec eux ce qu’ils font de bien….. et non l’inverse.

– Sur un doc de formation (indispensable d’avoir un doc pour eux, retraçant les acquis et non les difficultés), le titre doit être positif aussi (de type “mon passeport pour…”, “mon projet…”).

Les items doivent être positifs aussi : éviter les phrases négatives, les mots négatifs. Par ex, changer les “points négatifs” en “points à améliorer”. Notre vocabulaire est très important pour eux.

Au collège, par exemple, éviter le terme de “décrochage scolaire” (surtout devant les autres élèves)…..”. Faire passer le mot auprès des profs pour arrêter la stigmatisation des élèves décrocheurs. Si vous créez un dispositif d’aide pour ce public, utiliser plutôt “mon avenir”, “mon futur” pour citer le dispositif.

Par expérience, j’ai compris qu’on leur faisait peur, au lieu de les rassurer, lors du premier entretien…. – Pour moi l’entretien initial doit être rassurant. Il comporte peu de questions – 4 à 5 maxi -et ne pas être trop intrusif (limiter les questions persos).

Sur la 1ère séance (ou le 1er entretien), je ne demanderai qu’une seule fiche à remplir, un peu ludique, de préférence, (avec des smiley par ex), qui est bien adaptée pour ce public. Elle n’est pas scolaire. C’est plus facile pour eux, à remplir.

Le reste des questions doivent être conduites, au fur et à mesure des séances. La confiance doit être déjà établie pour qu’ils aient envie de vous répondre honnêtement. Si l’entretien est trop intrusif, certains jeunes peuvent avoir un gros blocage et se mettre encore plus en opposition, avec l’adulte. Je ne les poserai pas toutes, d’un seul coup, la 1ère fois. Différer certaines de vos questions sur une autre séance.

Accepter de changer de formateur, si ça ne se passe pas bien. Le relationnel joue à 80% sur ces dispositifs. Il faut le prendre en compte. Les jeunes évoluent SI la relation adulte/jeune est bienveillante. Tous les adultes ne sont pas capables d’utiliser une pédagogie positive. Attention à qui on met en face des jeunes…. J’ai eu quelques soucis, de formatrices croyant être capables et qui en fait hurlaient sur un groupe de 4… (J’allais évaluer les formateurs, sur site, on se rend compte beaucoup plus facilement…). Pour les jeunes, c’était encore pire. Elle les remettait encore plus en difficultés.

Une fiche diagnostic est bien pour l’équipe mais peut être difficile à recevoir pour un jeune en difficulté. Je ne leur montre plus ce genre de documents, qui les dévalorisent trop. A garder précieusement entre adultes.

Accepter les critiques qu’ils peuvent vous faire sur les cours, les exercices, les méthodes pédagogiques…. Je pense qu’il faut leur montrer l’exemple en termes de remise en questions. On n’est pas parfaits. On est capables de l’entendre, c’est aussi ça notre job, il me semble !

MÉMO & CONSEILS SUR CES DISPOSITIFS POUR JEUNES EN DIFFICULTÉS

– RASSURER : leur dire qu’ils sont capables d’apprendre, de trouver un projet, de s’intégrer dans un groupe

– DÉDRAMATISER L’APPRENTISSAGE : on finit tous par y arriver, on est tous capables de quelque chose de bien ! Il faut leur dire et leur répéter. Ils n’en ont pas ASSEZ conscience.

– PARLER POSITIF : plus de phrases négatives utilisées; on part de ce qu’ils savent DÉJÀ, de ce qu’ils ont déjà appris.

– ÊTRE HONNÊTE : c’est difficile d’apprendre, d’évoluer, de changer (même quand on est adultes !) et c’est normal que l’on trouve cela difficile. S’intégrer dans un groupe demande des négociations avec soi pour s’adapter, apprendre demande de la patience etc….

– SE FORMER sur les résistances aux changements

Sources

Brigitte Prot, conférencière sur le décrochage scolaire

Edith Tartar “les compétences sociales des ados”chez Retz = UNE BIBLE, pour le décrochage, avec beaucoup de supports pédagogiques très bien rédigés. Une mine d’or… Je vous le conseille